21 janvier 2007

DEBAT SUR LE RACISME EN MAURITANIE ENTRE JOE (YANIS LE R.) ET UN ANONYME SUR LE BLOG DE X OULD Y (octobre 2005)


Un utilisateur anonyme a dit :

Sans esprit de polémique, je voudrais dire ce que je pense du « retour » éventuel des Flam en Mauritanie pour y exercer l'opposition politique.

Le titre que j'ai choisi peut paraître un jeux de mots mais c'est que dans notre pays, il faut plus que de « jeux de mots » pour tenter de comprendre la situation, car la Mauritanie n'est pas un pays « normal ».

C'est pourquoi, nous devons faire une nette différence entre le Système (c'est-à-dire le carde dans lequel s'exerce le Pouvoir) et le Pouvoir lui-même (c'est-à-dire l'outil par lequel le système s'alimente pour s'affirmer et se perpétuer, ce qui est la finalité de tout système social, mis à part tout jugement de valeur.)

SYSTEME EN PLACE :

C'est une société caractérisée par la discrimination raciale, l'esclavage et le tribalisme, avec leurs conséquences politiques, économiques et sociales sur les individus et collectivités en son sein. Cependant, il faut noter que la cosmogonie de la société mauritanienne fait que ces éléments caractéristiques du Système appellent pour le moins à trois remarques importantes :

1-Le racisme affecte tous les noirs mais pas de la même façon, parce que l'arabisation qui est son outil de confirmation pratique ne devrait « qu'anthropologiquement » affecter les harratines qui se réclament arabes, donc sans grande conséquence pratique pour la majorité d'entre eux (l'esclavage drainant l'autre partie des conséquences)

2-Le tribalisme quant à lui, bien que pratiqué seulement par une composante nationale (l'arabe), affecte l'ensemble de la société.

3-Pour ce qui est de l'esclavage, il ne subsiste pratiquement que dans la composante arabe et n'affecte que les haratines.

Donc on peut dire que la vraie « question nationale » demeurent le racisme, car pratiqué par une partie contre une autre partie, même si ses effets ne sont pas toujours perçus avec la même intensité par tous les noirs (negro-africains et haratines).

Ces trois remarques rendent compte de la complexité du Système mais ne le nient pas dans ses fondements comme tentent de l'accréditer ses tenants.

LE POUVOIR EN PLACE :

C'est un pouvoir qui s'évertue à sauvegarder le Système utilisant tous les moyens à sa disposition, n'hésitant pas à simuler sa « remise en cause » si les nécessités du moment l'exigent. Dans ce contexte, la situation peut se prolonger à l'infini, sauf si intervient la révolte des opprimés : violente ou pacifique. Je sais que le dernier qualificatif prête a contradiction, mais une révolution pacifique est possible, car il y a des précédents dans le monde.

Pour ce qui est de la révolution violente, elle ne peut aboutir que si les forces rebelles ont suffisamment de « moyens » pour mener à terme leur soulèvement. Ses échecs ne doivent pas être interprété comme absence de révolution, sinon comme révolutions qui ont échoués.

Mais il faut reconnaître, que compte tenu même de la complexité décrite plus haut et pour des facteurs exogènes, on en est arrivé à un paradoxe, une sorte d'hybridation qui fait que dans une société où encore persistent des pratiques moyenâgeuses, on parle et « pratique la démocratie », aidé en cela par une conjoncture mondiale imparable (révolution pacifique ?). On assiste alors à l'émergence de groupements politiques qui se dénomment « opposition » certains à l'nterieur du pays et d'autres à l'extérieur.

Ici il convient de noter trois choses : aucun parti à l'intérieur ne remet en cause le système parce que celui-ci ne l'admet pas. Ce ne sont pas tous les partis à l'extérieur qui remettent en cause le Système. Or tous les partis d'opposition remettent en cause le Pouvoir, chose différente Système.

Je vais tenter d'illustrer cela par des exemples :

Quand on tente de remettre en cause le systhème, ce dernier par son pouvoir réagit sans limite. C'est ainsi que pour le simple fait de le fustiger par écrit l'opposant est mis à mort, il est même mis à mort quand il ourdi simplement un complot, et toute personne considérée comme sympathisante potentielle peut subir le même sort (voir les années 86 -91).

Cependant, quand on s'oppose au pouvoir, le système/pouvoir, l'admet, disons le comprend et quelquefois même le tolère voire, l'encourage, même si les moyens utilisés sont violents (voir les cas des officiers Bathistes et Nasseristes qui ont tente ces 15 dernières années de renverser le pouvoir).

C'est que pour le système, il est inconcevable de postuler sa remise en cause, parce qu'il « pense » fondamentalement en terme racial. Cela est d'autant plus vrai qu'il accuse ses détracteurs de son propre mal, de … racisme (voir les Flam- Accusation, dit en passant, fausse et injuste, car quand bien les Flam seraient racistes, ce qui n'est pas le cas, leur racisme ne pourrait être comparable (et termes normatifs et conséquents) à celui des tenants du système, parce que
les Flam n'ont pas le pouvoir).

QUE SE PASSE T-IL ACTUELLEMENT ?

Le « changement » intervenu le 3 Août dernier est important pour les opposants au pouvoir, mais il est insignifiant pour les opposants aux système, dans la mesure ou il intervient simplement pour corriger une grave perversion du pouvoir de Ould taya qui s'était tellement senti puissant qu'il confondait système et pouvoir en un tout, appliquant à ce dernier les recettes du premier, c'est-à-dire ne pas admettre sa
remise en cause.

La CMJD vient donc pour corriger ce « totalitarisme », du Pouvoir mais ne lèvera pas le plus petit doigt pour toucher au Système. Raison pour laquelle d'ailleurs, l'opposition au pouvoir intérieure ou extérieur peut « exercer » sans le moindre risque pour ses membres, comme il a toujours été le cas jusqu'à la dérive de Ould taya. Et ce n'est pas étonnant donc que certains opposants extérieurs prennent le chemin de Nouakchott, une fois cette dérive corrigée.


Il est clair donc qu'il y a effectivement une différence de taille entre ces deux oppositions même si dans leur dans leur discours on retrouve la même « matière à opposition. »

Pour démontrer cela, on va utiliser le cas concret du passif humanitaire qui est une matière à opposition découlant du racisme.
Quand un opposant réel au pouvoir comme OULD DADAH évoque cette question (qu'il omet quelquefois en fonction de son auditoire), il l'utilise seulement contre le pouvoir. Parce que à que je saches il n'a jamais reconnu du racisme en Mauritanie.

Il en est de même, dans une autre mesure pour MESSAOUD, qui pour dénoncer l'esclavage est obligé toujours de le faire de forme transversale (« … chez les Kwars aussi … ») et éprouve de réelles « difficultés » pour fustiger le racisme, en raison de l'outil de l'arabisation par lequel se manifeste celui-ci, ce qui réduit fortement la portée de son message dans les milieux négro-africains (ceci pour ne pas le qualifier seulement d'opposant au Pouvoir comme Ould Dadah). Mais il faut reconnaître que des ces deux personnalités sont des opposants incontestables au Pouvoir, des opposants internes. Leur action est importante et peut aider à la défaite du pouvoir.

Quand aux cavaliers de changement, leur retour au pays, malgré la signature de la déclaration de Dakar rend largement compte de leur opposition au Pouvoir.

En ce qui concerne les Flam on ne peut que les qualifier d'opposants au Système. C'est d'ailleurs par elles que nous est arrivé le vocable système, même si aujourd'hui elles nuancent celui-ci. Et comme le Système n'a pas changé, et que le pouvoir s'est « recentré » depuis le 03 Aout, il est encore plus périlleux pour cette force politique de tenter une opposition intérieure. Car rappelez-vous le Système n'admet pas sa remise en cause sous quelques forme que ce soit !

Une chose est donc s'opposer au Pouvoir comme je l'ai dit, le tolèré, autre chose est de d'opposer au Système, d'où le non retour des Flam qui savent mieux que quiconque le sort réservé aux opposants au système. Cela est tellement facile de comprendre que et si on le comprend pas DEDAHI est toujours à Nouakchott pour vous le rappeler.

Les flam doivent encore rester à l'extérieur non seulement pour une question de solidarité avec les réfugiés, mais pour une question de survie même.

Le combat contre le racisme est un combat de longue haleine, il est presque impossible de le porter à terme en 40 ans.

Il est probable que la chute de ce Pouvoir auquel on doit aider (toutes oppositions confondues) sonne le glas du Système, mais j'ai bien peur qu'il n'en soit pas ainsi, vu l'attitude de l'opposition en général, qui semble engendrer les germes même de la perpétuation du Système.

21 octobre, 2005 17:55

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Un utilisateur anonyme a dit…

C'est intéressant ce que dit notre ami au sujet du pouvoir et du système, c'est une bonne analyse.
Mais en parlant de racisme, il a oublié qu'il y a racisme comme attitude et racisme comme système (Apartheid par exemple, ou peut être pour certains le système de l'état juif d'Israël même si la discussion sur ce sujet est parfois plus passionnel pour certains). Malheureusement le racisme est partout, aux USA, en France etc. mais il y a tjs une possibilité de porter plaintes, de protester... Pour ma part je ne peux pas dire que le système ou les différents pouvoirs en Mauritanie ont institué le racisme en système codifié ou tacite.
L'absence des Flam sur la scène politique est un camouflet et une fuite en avant. J'espère que ce n'est pas la peur des prisons qui les retient de rentrer car ce serait l'occasion pour nous tous qui croyons à une nouvelle ère démocratique de sortir dans la rue et d'adhérer massivement au mouvement, toutes ethnies confondues... Par contre s'ils participent au processus démocratique (commission indépendante et supervision de l'ONU) et obtiennent moins de 1% des voix, on sera très déçu pour eux et ils sauront le vrai poids des idées dans une Mauritanie qui a peut être changée depuis les années de braises 86-91.
Bien sûr que le nouveau pouvoir doit faire la lumière sur les évenements malheureux du passé, de tout le passé et à nous de choisir la solution adaptée à tous et qui tient compte de l'avis des victimes ou de leurs ayant droit. Les solutions existent, comme en Afrique du sud hier et dernièrement en Algérie, un tribunal et un referendum de concorde civile par exemple.

Joe (Yanis le R.)

22 octobre, 2005 13:46

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Un utilisateur anonyme a dit…

Merci Joe.

ça commencè à être interessant!!

tu dis quil faut diferencier attitude raciste et systhème. tu as raison. en mauritanie il n' y a pas d'institution du racisme pour 3 facteurs.

-nous sommes tous musulmans donc cette institution contredirait notre vie en tant musulmans et serait difficile de faire "avaler" aux beydanes mêmes.

-la mauritanie est un petit pays qui ne pourrait resister à une reaction internationale contre telle institution (car n'oublie pas que le pays est independant seulement en 1960 quand le systheme d'appartheid etait déjà totalement décrié sous la menace de sanctions et que les noirs des USA ont arraché déjà les droits civiques).

-la mauritanie (meditant probablement ces precedents) n'avait pas besoin de l'inscrire dans les textes si elle pouvait subtilement le faire par l'entremise de la generalisation de l'arabisation.

je crois que tu as une part de raison quand tu laisse entendre qu'il n' y aurait pas un plan au prealable conçu et executé. mais il est difficile de le prouver, en tout cas pas de la manière de l'affirmer simplement.

cece dit,le racisme pour moi cesse d'etre une simple attitude dès lors que cette attitude est adoptée par pluiseurs individus detenant le pourvoir dans l'exercice de leur pouvoir sans que rien ne vienne le corriger. Parce que en definitive plus que les "causes" ou "raisons" ce qui importe c'est le resultat. Regarde bien où se trouve notre chère mauritanie avec au moins 50% de sa population noirs et un CMJD avec seulement trois membres de cette composante noire.

Je regrette c'est la realité en mauritanie (avec toutes les nuances que tu voudras, mais c'est la triste realité). Mais cela n'a rien à voir avec les USA , l'Afrique du Sud ou le Soudan. je dirai à chaque pays sa forme de pratiquer le racisme. c'est comme la laicité, tu sais très bien que l'etat d'Irak de Sadaam Housein était laic, et que en meme temps l'etat français de François Miterand l'était!! a chacun sa specifité, le fond demeure le mème quant aux but et consequences.

pour le reste, dire que les Flam representent 1% je crois que c'est aller trop vite en besogne. l'histoire nous le dira

enfin, si mon cher Joe tu es pret a descendre dans la rue pour protester contre une eventuelle arrestation d'un membre des flam, pourquoi tu ne descends pas dans la rue déjà pour demander le retour des deportes?

Je vais te dire une chose qui va te decevoir car je crois que tu es un patriote juste et sincère. Le pouvoiir actuel ne reconnaitrait meme pas les Flam, car il leur taxerait de parti ethnique et raciste a moins que OULD YESSA et ses amis du MDI (s'ils existent encore) leur pretent "main forte " et s'inscrivent sur la liste demandant leur reconnaisance. Evidement on me dira que les maures s'ils ne militent dans les Flam c'est que les Flam sont racistes!!!! la quadrilature du cercle !!!!!

Pauvres de nous!!

Ps : j'apprecie ton talent de moderation.

fraternellement.

22 octobre, 2005 15:29

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Un utilisateur anonyme a dit…

Je voudrai en poursuivant la discussion faire de qq commentaires sur la composition du CMJD et le "score" du Flam.
Effectivement le CMJD n'est pas représentatif de la population en terme racial et peut être tribal pour ceux qui peuvent voir les choses sous cet angle. Un conseil militaire à ma connaissnce n'a jamais été representatif et ne le reclame pas! Seul un régime démocratique peut être représentatif mais en termes d'idées et de programmes politiques. Pour ma part je serai plus representé par un "négro-mauritanien" qui défend mes idées qu'un maure avec lequel je ne partage que la couleur de la peau (parfois c'est même pas le cas!) et la langue maternelle. Je pense que la composition du CMJD est aussi l'héritage du passé, mais ce qui importe c'est le projet qu'ils nous soumettent. Devons nous les bouder parcequ'ils sont à 80% beydanes, je ne pense pas. On pourrait aussi dire qu'il n'y a pas de femme! C'est tjs cet héritage qui nous suit...
Au sujet des Flam, je n'ai dit pas qu'elles n'obtiendront qu'un score de moins d'1% aux futures élections si elles y participent, ce serait très osé de ma part. Ce que j'ai voulu dire c'est que si les Flam obtiennent un score très faible elles risquent de disparaître et c'est peut être une crainte des dirigeants actuels du mouvement. Dans une configuration d'exil et de refus, il persiste tjs ce mistère de la représentativité qui est tjs mieux qu'une réalité difficile à accepter. J'espère bien sûr que ce n'est pas le cas.
Par contre une idée que tu as avancée et qui est pertinente dans ce cas c'est le refus probable du gouvernement (ou plutôt du CMJD)d'une reconnaissance comme parti pour des raisons liées au projet politique des Flam qui restent tjs les forces de libération africaines de Mauritanie. Mais on pourra tjs dire que nous sommes tous africains et peut être que ça passera mieux... Et puis on peut tjs changer de nom, on a déjà vu le MND, les Kaddihines, UFD-EN, AC etc changer de noms sans changer forcément de politique et c'est pas plus mal quand il le faut. Vous savez dans l'ensemble tout ça c'est pour l'intérêt général de la Mauritanie et non pour des intérêts particuliers ou des projets personnels. Je pense que vous ne voulez pas d'un parti religieux ou ethnique ou tribal. Nous devons tous défendre des idées de justice et d'égalité pour tous les mauritaniens, ce qui n'a pas été tjs le cas jusqu'ici. Ce n'est pas le projet qui permet la redistribution des postes ministériels ou autres selon des critères de races ou autres qui est le plus attendu par les mauritaniens, j'espère.
Il y a qq mois tout était bloqué, maintenant on commence à entrevoir l'horizon grace au CMJD et à lui seul car la population s'était tjs resignée dans une fatalité qui remonte à très loin, une autre histoire d'héritage...
La balle est dans notre camp, à nous tous d'assumer nos responsabilités et de nous défaire enfin de toutes nos chaînes.

Joe

22 octobre, 2005 22:47

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Un utilisateur anonyme a dit…

A Joe,

Tu as raison quand tu dis qu'un comite militaire ne te represente pas, j'ajouterais qu'il ne represente rien sinon la force des armes dont il dispose!

Mais tu as encore plus de raison quand tu dis qu'il est le fruit d'un "heritage" du passé,(moi jajouterai d'un heritage de pratique de racisme, qui a conduit que à cette ironie: meme si Ely et ses camarades voudrianet aujourd'hui incorporer des officiers noirs dans leur mouvement, eh bien ils n'en trouveraient pas!! Tous laminés, destitués ou bloqués dans des grades inférieurs)).
LE CMJD EST BEL ET BIEN REPRESENTAIF DE LA REALITE DE DOMINATION RACIALE ACTUELLE EN MAURITANIE.


Pour ce qui est ne pas bouder des gens parce qu'ils sont des maures, personne n'a dit de bouder le comité parce qu'il est à dominance maure. D'ailleurs qui est le naif qui pourrait imaginer un comité militaire dans la mauriatnie de l'apres Taya qui ne soit pas à dominante maure? Non, s'agit de voir la realité en face. Ce cmdjd, en plus de ce que j'ai dit plus, ansi que son gouvernement, n'ont fait aucun geste vers la communaute negro-africaine qui à tort ou a raion formule des griefs dont le passif humanitaire n'est pas des moindres, alors qu'il s'est empresse de liberer des beydanes auteur de coup d'etat ayant entraine des morts!!. Car ce qui le preoccupe ce comité c'est la reconciliation nationale (maure ou tribale) pour sauvegarder le systeme, et non la vraie reconciliation NATIONALE. Peut être parce que les noirs ne menacent pas et n'ont jamais menace l'unité nationale, et je m'en rejouit, malgre que c'est ce qui fait que le Systeme se desinteresse de leur revendications.

On ne parlera de vrai democratie en mauritanie, donc de choix democratique de ceux qui doivent nous diriger, sans regler au prealbale des problemes tres graves que sont la racisme, le tribalisme et l'escalvage. car sans une solution de ces problèmes la democratie n'est pas possible. c'est ma conviction profonde. je sais que ce sont des problemes de difficile soulution, des problemes qui font peur mème, et que tres souvent la solution consiste à le nier tout court. Mais je suis sure que tu conviendras avec moi que nous devrions fatalement les aborder si nous voulons nous hisser au niveau des nations democratiques, qui toutes dans un moment ou un autre de leur histoire ont du aborder ces problemes ou des problemes aussi gravemnent similaires.

fraternellement.

23 octobre, 2005 17:20

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Un utilisateur anonyme a dit…

Cher ami et compatriote
Je pense comme toi que la question nationale doit être abordée avec franchise et clarté. Ce n'est sûrement pas en l'occultant que nous apporterons une solution. Les passions se sont sans doute dissipées et il est temps de voir maintenant les réalités en face.
Tu dis que le CMJD a libéré les putschistes de 2003 condamnés et "responsables" de morts parce qu'ils sont beydanes pour préserver une concorde beydane et non nationale. Je crois savoir que le CMJD avait mis du temps (1 mois) pour le faire après la libération des islamistes modérés innocents. On peut en discuter et trouver injuste le sort des putschistes négro-africains de 87 qui n'avaient pas fait de victimes même si certains dont des hommes politiques reconnus notamment au MND pensaient que cela pouvait entraîner une guerre civile avec ses milliers de victimes possibles. Ca reste une question sans réponse et on ne peut justifier la mort d'hommes. Ce qui était permis en 87 n'est peut être plus possible en 2004-2005, c'est l'évolution du temps pour le plus grand bien de tous d'ailleurs et c'est peut être pas seulement un problème de race (il y a eu aussi en mars 81 des exécutions qui ont frappé des officiers beydanes que je sache). Ce qui est sûr c'est que la mort des derniers n'excusera pas la condamnation des premiers et la comptabilité macabre est triste et ne nous sort pas de nos interrogations. Libérer les prisonniers est un acte simple qui ne demande pas plus d'une journée avec la signature des documents, l'ouverture des portes des prisons et l'accompagnement des personnes à leur domicile.
Le CMJD a décrété une amnistie pour tous les opposants politiques et a appelé tous les mauritaniens à l'étranger à pouvoir retourner au pays.
Le dossier des mauritaniens victimes des exaction du régime (ou pouvoir) précédent est un travail de longue haleine qui nécessitera des mois voire des années. Et pour cela il faut poser les bases d'un état de droit et surtout remettre la justice sur de bons rails. Sinon tout ce qu'on ferra risque de tomber à l'eau et justice ne sera pas faite. Une constitution votée et de nouvelles institutions élues auxquelles les réfugiés à l'étranger doivent bien sûr participer (avec la carte de réfugiés du HCR ou des institutions de demande d'asile politique)doivent permettre d'aborder le sujet en toute légalité et dans le respect des droits de chacun.
Nous devons être capables de ce que d'autres pays ont pu faire dans le dialogue et la concertation par le passé et dans notre continent.
Il se peut que ceci nécessite la création d’une commission qui peut s'appeler sans surprise «Commission de la vérité et de la réconciliation» laquelle aura pour mission de collecter le témoignage des victimes, d’entendre les supposés responsables, d'analyser le contexte et l'origine de ces horribles événements et de tirer des conclusions en public (radio et télévision). Ceci permettra aux victimes de connaître la vérité et de les soulager et aux agresseurs de demander pardon. D’ailleurs, en Afrique du Sud, «l’amnistie juridique n’a été accordée qu’en échange de la vérité comme contrepartie d’une forme de réparation morale» .
L’amnistie générale déclarée par le CMJD, même si elle peut être correcte sur le plan politique, n'est pas suffisante et perpétuerait une culture de l’impunité qui augurerait mal de la lutte contre le crime et la violence dans le future.
Voilà ce que je pense que nous pouvons faire dans les 2 ans suivants la mise en place des institutions démocratiques.
Pour ce qui est de la lutte contre le racisme, les sequelles de l'esclavage (plus que l'esclavage car je pense qu'on fait souvent l'amalgame) et le tribalisme, c'est un état fort (avec une justice indépendante, une sécurité sociale pour tous, etc.) qui est le seul rempart.
Les mauritaniens ont besoin de se reconciliés avec eux mêmes. Je pense que nous sommes sur la bonne voie mais le chemin est encore long.
Comme il est facile de détruire et difficile de construire!

Joe

23 octobre, 2005 23:03

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Un utilisateur anonyme a dit…

JOE,

J'APPRECIE TA BONNE VOLONTÉ, MAIS JE SUIS CONVAINCU QUE SANS SOLUTION, OU DEBUT DE SOLUTION DE CES PROBLÈMES QUE J'AI CITÉS, IL N'AURA JAMAIS DE DEMOCRATIE EN MAURITANIE QUI GARANTISSE TELLE SOLUTION. TU VERRAS AU TERME DE LA "TRANSITION", ET ON EN REPARLERA. PUISSE DIEU QUE LES EVENEMENTS FUTURS ME DEMENTISSENT!

FRATERNELLEMENT.

24 octobre, 2005 10:25

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