24 juin 2007

UNE PARODIE DE DÉMOCRATIE, L'ÉLECTION DES SÉNATEURS MAURITANIENS DE L'ÉTRANGER.


Pour une parodie de démocratie, une parodie de Nizar.

Aux sénateurs de l’intérieur qui ont voté à ma place, de la part d’un mauritanien de l’étranger.


Merci à vous,
Merci à vous

Assassinée, ma bien aimée, la Démocratie !
Vous pourrez dès lors
Sur la tombe de la martyre
Porter votre funèbre toast

Assassinée la Démocratie !
Est-il un peuple au monde,
-Excepté nous-
Qui assassine l'espoir ?

Ils t'ont tuée, Démocratie !
Quel peuple africain et arabe
Celui-là qui assassine
Le chant des rossignols !

Il n'y a plus que des meutes tuant des meutes,
Des renards tuant des renards,
Et des araignées tuant d'autres araignées

Au cours de l'instruction je dirai :
Le voleur s'est déguisé en sénateur,
Au cours de l'instruction je dirai :
L’ancien guide bien doué n'était qu'un vilain courtier

Démocratie, toi la martyre, toi le poème,
Toi la toute-pure, toi la toute-sainte
Le peuple de Mauritanie émigré
cherche sa reine des yeux,
Rends donc au peuple son salut !

Avons nous été injustes à ton égard
En s'éloignant de nos contrées chères ?
Nouakchott chasse chaque jour l'un de nous,
Nouakchott chaque jour court après sa victime

Démocratie !
Sommes-nous une fois encore
Retournés à l'époque de la Jahilia ?
Voilà que nous revenons à l'ère de la dictature

Ils t'ont tuée au Sénat
Comme n'importe quelle autre biche,
Après avoir tué le verbe

Je dirai au cours de l'instruction
Que je connais les noms, les choses, les prisonniers,
Les martyrs, les pauvres, les démunis

Je dirai que je connais les bourreaux qui ont tué ma bien aimée
Je reconnais les figures de tous les traîtres

Je dirai que leur vertu n'est que prostitution
Que leur piété n'est que souillure

Je dirai que notre combat pour toi est pur mensonge
Et que n'existe aucune différence
Entre politique et prostitution

Je dirai au cours de l'instruction
Que je connais les assassins

Je dirai que notre siècle mauritanien
Est spécialisé dans l'égorgement du jasmin,
Dans l'assassinat de tous les prophètes,
Dans l'assassinat de tous les messagers

Même les yeux noirs
Les sénateurs les dévorent
Même les tresses, mêmes les bagues,
Même les bracelets, les miroirs, les jouets,
Même les étoiles ont peur de ma patrie

Et je ne sais pourquoi,
Même les oiseaux fuient ma patrie

Et je ne sais pourquoi,
Même les étoiles, les vaisseaux et les nuages,
Même les cahiers et les livres,
Et toutes choses belles
Sont contre la Mauritanie

Je dirai au cours de l'instruction
Comment ma biche fut tuée
Par l'épée des Roumouz El Vessad

Tous les bandits, de l’Azawad à l'Atlantique
Détruisent, incendient, volent,
Se corrompent, agressent, violent les lois
Comme le veulent les Roumouz El Vessad

Tous les chiens sont des agents
Ils mangent, se soûlent,
Sur le compte des Roumouz El Vessad,
Aucun grain sous terre ne pousse
Sans l'avis des Roumouz El Vessad

Pas un enfant qui naisse chez nous
Sans que sa mère un jour
N'ait visité la couche d’un enfant des Roumouz El Vessad,
Pas une tête ne tombe sans ordre des Roumouz El Vessad

Les faux prophètes sautillent
Et montent sur le dos des peuples,
Mais n'ont aucun message !

Les vilains sénateurs sauront un jour
Qu'ils ont tué notre bien aimée, la Démocratie...




NB: Roumouz el Vessad: ceux qui ont pillé et pillent encore la Mauritanie, notre pays, "les symboles de la gabegie" (en arabe) et de la déliquescence de l'Etat.


Paru sur www.canalh.blogspot.com et CRIDEM


PS:
27/06/2007: OUVERTURE LIBRE DES COMMENTAIRES CE JOUR
La grande arnaque du logement social avec la BADH, la BMCI et la SOCOGIM


Après la grande arnaque de la Banque de l’Habitat (BADH) et de la SOCOGIM au sujet des logements sociaux qui ont vu leurs prix doublés, c’est autour de la BMCI et de la SOCOGIM, toujours elle, de taper encore plus fort.

Il y a quelques années, un promoteur immobilier m’a amené en visite guidée dans ces logements dits sociaux à l’ouest de Tevragh Zeina pour voir comment dans notre pays des choses pareilles peuvent exister au vu et su des pouvoirs publics et sans que le citoyen soit averti et protégé. La construction et l’état des logements en cours de finition étaient lamentables: murs déformés, portes et fenêtres ravagées par la rouille, matériaux de construction non adaptés à ces zones salées etc.
En visitant ces lieux et ces constructions uniformes de cités fantômes, j’avais une vision d’horreur et de grand gâchis en pensant que dans quelques années tout va s’effondrer comme le quartier dit « Las Palmas » de Sebkha (5ème arrondissement), il y a une bonne dizaine d’années auparavant en engloutissant les économies de centaines de pauvres citoyens.

L’arnaque vient d’atteindre son paroxysme avec les logements construits sous la direction de la SOCOGIM en convention avec la BMCI.
Des centaines de cadres moyens et fonctionnaires qui ont souscrit en 2002-2003 des contrats stipulant qu’au bout de 2 ans ils deviendraient enfin propriétaires se sont retrouvés floués.
Il était convenu qu’ils payaient un acompte de 2 millions d’UM et que la maison coûterait en définitive 6 millions d’UM au terme du contrat.
Mais ils ne vont pas être à leur première surprise en trouvant qu’au bout de 2 ans rien n’a avancé et pire, la somme totale due a été revue à la hausse à plus de 9 millions d’UM soit 50% d’augmentation et ce sans tenir compte des chiffres de l’inflation et des règles élémentaires de tout contrat.
Plus encore, l’ancien directeur des crédits à la BMCI, responsable du projet au départ s’est retrouvé à la tête d’une société fictive responsable du suivi du projet…
Ces jours-ci, on apprend, une fois de plus, que les maisons seront livrées aux clients mais en payant en tout plus de 14 millions d’UM soit 130% de plus que le prix fixé par le contrat initial!
Avec la BADH, c’était 7,2 millions pour 3,9 millions initialement (85% d’augmentation).

Des arnaques que l’Etat laisse faire et même approuve, par l’entremise d’une société lui appartenant, comme avant et pendant la Transition et maintenant sous l’ère démocratique.
Il faut savoir que ces constructions ont bénéficié surtout aux hommes d’affaires et aux hauts fonctionnaires qui ont eu chacun un lot de plusieurs maisons, sur des prête-noms comme toujours, avant que les intéressés eux-mêmes aient pu se retourner. Il a fallu faire des extensions par la suite devant les timides protestations des ayants droit. C’est ainsi que des personnes non concernées par les logements sociaux et loin de là, Roumouz El Vessad pour la plupart et richissimes déjà, se sont retrouvées sur la liste des propriétaires. Qui nous dit qu’elles ne sont pas inscrites aussi dans les Kebbas ?
Tout est possible tant qu’il n’y a pas une vraie volonté politique de changement et des sanctions exemplaires.

On apprend qu'une Haute Cour de justice sera bientôt en place pour juger, éventuellement, le Président et le Gouvernement. C'est tout simplement ridicule quand des hommes d'affaires et des fonctionnaires corrompus et connus sont intouchables.
Le peuple peut toujours attendre dans la basse-cour...


Paru sur CRIDEM

09 juin 2007

CHRONIQUE DE SOCIETE: LE SECTEUR DU TRANSPORT ROUTIER VU PAR UN CITOYEN

Un constat affligeant

Le secteur du transport, notamment du transport routier, est le grand malade de l’économie mauritanienne. Il a été toujours délaissé par les pouvoirs publics. La mafia de la FNT (la Fédération Nationale des Transports) et la police, sous sa coupe, en ont fait ainsi leur domaine privé.

L’état des routes du ressort d’un autre département ministériel (!), celui de l’Equipement, n’a pas arrangé la situation pour la population.

Le nombre d’accidents, de blessés et de morts est une vraie hécatombe pour une population de 3 millions d’habitants et un parc automobile dérisoire. Il suffit de voir le nombre de personnalités connues qui sont décédées ou ont été gravement blessées ces dernières décennies dans un accident sur nos rares routes : Jiddou O. Salek, Ahmed O. Minnih, Med O. Sidi Ali, Sow Abou Demba, Pr Med O. Ahmed Aïcha, Med Lemine O. Ahmed, Saidou Kane etc.

La liste est longue malheureusement. Encore plus longue de citoyens lambda fauchés parfois dans la fleur de l’âge. Pourtant, l’Etat a toujours laissé ce département dans la misère et le désintérêt.

C’est ainsi que les auto-écoles sont inexistantes et celles qui ont pignon sur rue possèdent des épaves de Renault 5 avec des moniteurs sans formations ni compétences.

Le permis de conduire est lui-même l’objet d’une vente aux enchères où le plus offrant le décroche sans problème et sans même se présenter. Et tout le monde le sait et personne ne réagit. En fait, la règle est d’obtenir le permis puis d’apprendre par la suite à conduire souvent dans un véhicule de l’Etat…

C’est ainsi que la route de la plage (notre corniche) et l’espace devant le stade olympique sont devenus les champs privilégiés de nos apprentis conducteurs.
L’inexistence de signalisation et le fait que 90 % des automobilistes n’ont jamais appris les rudiments du code de la route a fait qu’une seule règle est appliquée ou plutôt acceptée : la priorité à droite.

Même aux ronds-points, faits pour rendre la circulation plus fluide, vous êtes obligés de laisser passer la voiture qui y entre ! Ainsi les embouteillages sont monstres aux heures de pointe.

Il paraît qu’il y a quelques années au moment de la floraison des ronds-points à Nouakchott (une autre façon de détourner l’argent public), une campagne a été menée par la police routière pour expliquer que dans les ronds-points la priorité est à gauche (comme partout dans le monde à de rares exceptions), ce qui répond à la logique mais rien n’y a fait.

Les voitures étaient ainsi bloquées dans les ronds-points et bloquaient par la même la circulation qui devait être plus fluide… Le carrefour Madrid est l’exemple même de cette anomalie et de l’abandon de l’Etat.

Entre les agglomérations urbaines (notamment sur la route de l’Espoir ou plutôt de la mort), les dépassements se font au niveau des montées et les camions la nuit se garent sur la chaussée sans aucun feu arrière. Ces camions de la mort appartiennent à la FNT et un forfait est payé à la police et à la gendarmerie pour ne pas répondre aux normes minimales de circulation (feux en bon état, existence de rétroviseurs, respect de la charge, respect des temps de repos pour les chauffeurs etc.).

Un petit témoignage de citoyen en visite un jour au ministère

Au ministère du transport, il y a quelques années, je suis venu pour chercher à immatriculer une voiture d’occasion que je venais de payer comme étudiant à l’Etranger car il est impossible à un jeune cadre ou fonctionnaire de se payer une bagnole et les crédits n’existent pas ou sont insignifiants et avec des taux scandaleux et usuriers. Elle était presque toute neuve comparée à une grande partie du parc automobile...

Le matin, je me suis présenté au bureau dit, après avoir payer 402 000 UM à la douane comme le stipule les textes. Le monsieur gentil qui n’a accueilli avec le sourire m’a dit que les immatriculations sont closes pour ce jour et que je pouvais passer demain. Naïf comme je suis, je me présente toujours tout seul le lendemain à 9 H 30. Grande fut ma surprise en m’attendant dire que c’est déjà fini pour ce jour. Je me permis de dire que je suis pourtant venu assez tôt et qu’il ne me semblait pas qu’il y avait du monde, étant le seul devant la porte.

Le monsieur très sérieusement me rétorqua que le nombre maximum de nouvelles immatriculations nationales pour les particuliers par jour était de 5 et que je n’avais qu’à passer demain assez tôt. Je lui répondis que si demain et les jours suivants malgré tous mes efforts, je n’arrivais que 6 ème ou 7 ème, quelle était alors la solution ? Et puis, il me semblait que 5 immatriculations par jour pour toute la Mauritanie était très peu vu le parc automobile…

J’ai rapidement compris que je n’avais rien compris depuis le début. Mes années à l’extérieur m’avait déconnecté des réalités administratives locales. En réfléchissant, je me suis rendu compte que les sourires qui m’accueillaient surpris ne comprenaient pas pourquoi je suis là à demander un droit de citoyen à un service public sans intervention ou bakchich…

En prenant enfin le téléphone et en appelant un ami qui était aussi surpris de mes démarches de citoyen anonyme, j’ai eu le sésame avant midi, signé du même bonhomme qui n’a pas perdu son sourire de fonctionnaire médiocre et laid qui fait penser à un autre fonctionnaire dans "le manteau" de Gogol.

Des responsables ne distinguant pas encore les priorités !

La constitution du premier gouvernement de l’ère démocratique a été marquée par un fait important : le secteur du transport est devenu un département ministériel à part entière. Ainsi, on ne pouvait que penser que notre Président Sidioca et son PM ont vu la gravité de la situation et ont décidé de faire de ce secteur une priorité de leurs mandats.

L’une des premières déclarations du nouveau ministre, M. Ahmed Ould Mohameden, en visite à Nouadhibou, début juin 2007, fut la suivante: « la Mauritanie envisage une nouvelle option économique qui fera de la ville de Nouadhibou un véritable joyau du Sahara et une zone de libre échange qui va concurrencer les principaux pôles économiques mondiaux. »

Et je me mis à penser à Singapour, HongKong… Mais je ne pouvais effacer de ma mémoire les épaves de Renault 5 où nos concitoyens apprennent dangereusement à conduire, ces ronds-points de la honte, ces innombrables accidents qui peuvent être éviter...

Etait-il aussi si déconnecté de la réalité ou était-ce un discours de circonstance ?
Comment un ministre de l’un des pays les plus pauvres du monde en charge d’un secteur en déconfiture peut oublier les vrais et les réels problèmes et commencer à délirer comme s’il était un ministre du G8 ?

Des propositions concrètes et urgentes

Le centième des fonds nécessaires au projet futuriste (sauf pour la drogue, peut être) de Nouadhibou peut sauver des centaines de vies humaines et assainir un département tout entier. Les mesures à prendre apparaissent évidentes.

Je propose les actions suivantes comme des priorités à court terme qui ne peuvent pas attendre:
- Une campagne nationale de sensibilisation sur la conduite routière.
- Une campagne nationale de signalisation routière logique et optimale (l’aide de spécialistes étrangers est nécessaire).
- La reforme du permis de conduire et l’obligation d’être inscrit dans une auto-école.
- La fermeture des auto-écoles actuelles et le passage devant une commission pour l’obtention d’un nouvel agrément.
- Les routes interurbaines : obligation d’avoir les feux en bon état (avant et arrière, notamment ces feux souvent oubliés de stop qui s’allument quand on touche à la pédale de frein) et des rétroviseurs ; c’est à la police et à la gendarmerie qui sont partout à ne rien faire sur ces axes de le vérifier surtout pour les voitures de transport en commun.
- Les routes urbaines : suppression progressive sur 2 ans des « cars rapides », ces autres cercueils irrespectueux des pauvres citoyens ( et création de vraies sociétés de transport répondant aux normes minimales de sécurité), interdiction des épaves de taxis et confinement des charrettes et des animaux de trait à des zones déterminées avec les maires, ville par ville.

Voilà 6 mesures peu coûteuses pour l’Etat et le citoyen qui sont de l’ordre de l’urgence du secteur des transports routiers. Après cela, le gouvernement peut se permettre même de participer à la prochaine conquête de la planète Mars…


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