20 septembre 2009

Nous sommes tous des DALIA, des HANEVY!


Un journaliste, HANEVY, est en prison en Mauritanie pour avoir publié sur son site, TAQADOUMY, un courrier d'une lectrice anonyme, DALIA, une libre opinion sur l'égalité des sexes.
40 ans après le slogan, "faîtes l'amour, pas la guerre", il faut bien se rendre à l'évidence de l'hypocrisie de notre justice.
En effet, dans le même temps, les auteurs de coups d'Etat sont applaudis, les voleurs de deniers publics font la fête, les trafiquants de drogue circulent en toute liberté...

----------------------

Paroles interdites

Je suis une femme libre, laissez moi faire l'amour

Dans "Paroles interdites" je vais vous habituer à évoquer un sujet tabou mais courant dans notre société. Je suis consciente que ce que je vais dire risque de vous choquer, je ne vous demande pas d'être forcément d'accord avec moi mais seulement d'avoir, à l'esprit, la parole de Voltaire : "je ne suis pas d'accord avec tout ce que tu penses mais je me battrais pour que tu puisses l'exprimer" ainsi que celle d'Ahmed Chewqhi : "la différence des points de vue ne doit pas altérer l'amitié".

Aujourd'hui, j'ai choisi de parler d'un sujet sensible. Je le reconnais, jeune fille mauritanienne, je possède une bonne expérience dans les rapports entre les deux sexes, de part l'école, l'université et enfin mon lieu de travail. Je connais également l'expérience de mes copines et, partant, je puis affirmer, sans risque d'erreur, combien de nombreuses mauritaniennes possèdent une grande expérience sexuelle bien avant le mariage.

J'en ai discuté avec beaucoup de jeunes filles et garçons et j'en suis arrivée à plusieurs conclusions :

- La plupart des filles ne considèrent plus la virginité comme uniquement une question d'hymen intact, qui l'empêcherait de "faire la chose", je trouve, pour ma part, que "pratiquer la chose physiquement" est un droit car il s'agit d'un besoin et chacun doit pouvoir assouvir ses pulsions, bien entendu entre adultes consentants ; désolée de ma hardiesse !

- Beaucoup de jeunes filles entretiennent des relations avec leurs professeurs. Il est vrai que, parfois, un tel rapport est motivée par l'amour ou le désir sexuelle mutuel mais, bien souvent, il s'agit tout simplement d'un échange de bon procédé : la fille offre son corps et le professeur (qui a le devoir de la former et de lui montrer le bon chemin) la gratifie des bonnes notes en contrepartie.

Lorsque la fille, objet du désir du professeur, se montre réticente, alors elle s’expose à la menace de mauvaise note même si c'est une bonne étudiante. Il arrive que le professeur mette la menace à exécution et la meilleure de la classe (qui a le tort d'être née belle) redouble son année parfois jusqu'à ce qu'elle cède, change de faculté ou interrompt son cursus.

- Ce même phénomène de harcèlement existe aussi dans le milieu professionnel où la secrétaire, objet de harcèlement de la part de son supérieur, obtempère souvent : si elle cède, à elle les primes et l'avancement rapide (la fameuse promotion-canapé) mais si elle résiste, elle échoue dans une destination pas franchement alléchante : une enseignante dont toute la famille est à Nouakchott peut se faire affecter, par exemple, à Zoueratt où elle ne connait personne.

Bon, vous allez me dire que ce phénomène existe dans le monde entier, c'est vrai, même dans l'Occident démocratique, c'est courant ; l'affaire Bill Clinton-Monica Lewinski est là pour nous le rappeler, mais en Occident il existe des lois très sévères et si une affaire de harcèlement arrive devant un juge, gare au harceleur !

Mais revenons en Mauritanie : j'ai moi-même été victime, sur mon lieu de travail comme une amie ex étudiante en France, de retour au pays pour travailler au ministère du tourisme ; le ministre tentera de la subvertir. Elle était très belle mais ne voulais pas de lui. Ce dernier l’a pourtant mise tellement sous pression qu'elle a fini par démissionner ; aujourd’hui, elle travaille dans le privé.

Une autre amie qui vient de terminer ses études aux Etats-Unis m'a dit que son expérience américaine lui a beaucoup servi. Elle m'a parlé avec beaucoup de courage ; selon elle, si les filles pouvaient parler librement, comme aux Etats-Unis, elles ne seraient pas autant cible d’abus impunis.

Elle ajoute que si les filles étaient aussi libres de faire ce qu'elles veulent, elles ne seraient pas aussi attirée par le sexe et feraient preuve d’une plus grande attention aux risques de santé et de grossesses non désirées. Pour elle, l'être humain va vers ce qui lui est interdit : si le sexe était banalisé pour les filles dans tous leurs parcours (lycée, université, milieu professionnel...), cela leur aurait certainement permis de ne pas penser à "la chose" avec autant d'insistance ; elles se concentreraient sur leurs études et travail et donc amélioreraient leurs chances de réussite d’où l’avantage considérable pour le pays.

Il faut considérer le sexe comme un droit de l'homme (et de la femme), au même titre que l'eau et l'air, car le sexe est un besoin physiologique. Il faut donc cesser de le considérer comme une pulsion malsaine, indigne d'un être humain.

Assouvir ses besoins sexuels, pour la personne, demeure une faculté essentiel dans la vie, sans pour autant sombrer dans la débauche, afin de pouvoir se concentrer sur ses études, son travail, sa réussite ; encore une fois, excusez ma hardiesse. Voilà pourquoi je demande, à tous, d'être plus réalistes, plus tolérants et plus en phase avec notre temps, dans nos attitudes vis à vis du sexe opposé. La liberté, y compris celle de pratiquer l'acte sexuel, est un acquis humain que personne n'a le droit d'interdire.

Et pour finir je dis aux conservateurs coincés : "ne pratiquez pas la fornication, si vous voulez, mais laissez les autres le faire s'ils en ont le désir''.

Dalia